Axe 1 - Terrorisme(s)/Contre-Terrorisme, Radicalisation/Resocialisation

Pr. Alain Bauer (Cnam) - Pr. Elyamine Settoul (Cnam)

Chercheurs associés : Pr. Martin Jones,  Pr. Ryszard Machnikowski,  Pr. Louise Shelley,  Pr. Peter Lehr,  Pr. David Omand,  Pr. Christian Vallar,  Pr. Michel Wieviorka (FMSH);  Pr Arturo Alvarado (C. de Mexico),  Pr Javier Argomaniz (St Andrews),  Pr Giuseppe Arlacchi  (Sardagine);  Pr Magnus Ranstrop,  Pr Jim Lewis .

Experts associés : Dr. Sajjan Gohel,  John Raine,  The Hon. Michael Chertoff,  Dr. Xavier Raufer, Sébastien Boussois,  Anne Bader,  Maria Mourani,  Thierry Toutin.

Doctorants : Anne de Bongain,  François Freynet,  Julien Marx

Cet axe de recherche s’attache à décrypter de manière empirique les processus de radicalisation et de désengagement. Il comprend des volets théoriques et empiriques. D’un point de vue théorique, notre équipe a développé une réflexion épistémologique sur le concept de radicalisation à référentiel djihadiste en soulignant les réalités éminemment disparates qu’il recouvre. Plusieurs paradigmes concurrentiels ont été mobilisés pour rendre compte des causes profondes de la massification du phénomène jihadiste. Certaines théorisations focalisent leur attention sur les versants religieux de la dynamique d’enrôlement (Kepel 2017, Rougier 2019, Micheron), tandis que d’autres accordent un rôle structurel aux facteurs criminologiques (Bauer 2016), générationnels (Khosrokhavar 2015, Roy 2017), géopolitiques (Burgat 2016, Atran 2016, Crettiez 2017) ou encore psychologiques (Bronner 2009, Bouzar 2018) dans la genèse et l’expression de ces dynamiques.

Aussi pertinents soient-ils ces différentes écoles de pensée ne permettent pas de rendre compte de la diversité sociologique interne du phénomène djihadiste. Nos analyses proposent une vision holistique de ces dynamiques de Jihadisation qui ont fait l’objet d’un ouvrage Penser la radicalisation djihadiste. Acteurs, Théories, Mutations, PUF, 2022 (préface Marc Sageman). Nous avons par ailleurs développé une réflexion internationale sur l’impérative nécessité de connecter ces processus de passage à la violence aux spécificités socio-politiques locales. Cet axe a donné lieu à un ouvrage collectif international coordonné par Elyamine Settoul: Settoul E, Balzacq T, Radicalization in Theory and Practice: Understanding religious violence in Western Europe, Michigan University Press, 2022. Avec le retour de centaines de combattants des zones irako-syrienne, les orientations de recherche tendent désormais à se focaliser sur la gestion carcérale de ces détenus. Il s’agit de comprendre plus spécifiquement les conditions de « désistance » et de désengagement idéologique. Notre équipe gère également deux projets européens qui visent à mettre nos activités de recherche au service de la compréhension de ces enjeux pour les professionnels. Ces projets développés plus bas sont le programme MIRAD et CEDAR. MIRAD (Multi Ideological Radicalisation Assessment and Disengagment) a pour objectif d’améliorer les programmes de désengagement et de réintégration dans le champ de la contre-radicalisation (notamment en mettant en place des méthodes d’évaluation des risques pour le système pénitentiaire). En travaillant conjointement avec divers acteurs du contre-extrémisme en Europe, le projet vise à faciliter les échanges et les bonnes pratiques quant à l’évaluation et la prise en charge des individus radicalisés. CEDAR (Continuing Education Against Radicalization) vise à développer des outils de formation en ligne en trois langues (français, anglais, espagnol) sur le thème de la radicalisation à destination des professionnels du secteur socio-éducatif.

Dans le cadre du programme “Recherche Stratégique” mis en place avec le SGDSN, l’axe contribue annuellement aux Assises de la Recherche Stratégique.

Par ailleurs, depuis 2013, l’équipe assure la réalisation et la publication en langue anglaise et publié aux États Unis, de l’International Journal On Criminology et de la conférence annuelle de criminologie (International Criminology Conference) à Washington DC.

Questions de recherche associées

 Quels sont les fondements de la matrice idéologique actuelle des mouvements terroristes mondiaux? Quelles sont les transformations observables par rapport à la matrice Qotbiste originale?

 Existe-t-il des similitudes dans les processus de radicalisation des apprentis djihadistes en Europe?

Les formes majoritaires de salafisme quiétiste dans le monde nous prédisposent-elles à adopter, dans certaines conditions, un ethos beaucoup plus violent et révolutionnaire que l'on retrouve dans le djihadisme? Existe-t-il une différence de degré ou de nature entre ces deux courants fondamentalistes?

 En plus d’étudier les profils, les trajectoires et les environnements dans lesquels les acteurs que nous proposons de définir comme les entrepreneurs du djihadisme contemporain ont émergé et continuent d’évoluer, que nous apprend les références sémantiques et théologiques de ces derniers?

 En comparant les antécédents des terroristes européens, depuis la radicalisation jusqu'à la guérison, est-il possible d'identifier l'influence d'individus étrangers ou d'organisations prosélytiques (associations, fondations, madrasas, etc.) ou de bénéficier d'un soutien financier ou logistique en dehors de leur pays d'origine? Si tel est le cas, ce soutien peut-il être considéré comme le reflet, l’aboutissement ou l’abandon d’une ancienne stratégie de prosélytisme sur le continent européen et au-delà?